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Photo du rédacteurRomain Trallero

J'ai eu les meilleurs parents du Monde !



Je suis Romain, né le 17 mai 1979 à Bédarieux, dans l’Hérault, et j’ai grandi à Hérépian, tout près de Béziers, entouré d’une famille unique, débordante de passion, d’amour et de vitalité. Mon père, Christian, a été champion de France de rugby avec Narbonne, seul marqueur de l’essai victorieux lors de la finale, tout juste 10 jours après ma naissance. Cette victoire reste une anecdote symbolique de mon entrée dans ce monde. À 72 ans aujourd'hui, je l’ai encore vu s’entraîner il y a quelques mois, toujours sur les terrains de rugby, avec cette flamme qui ne l’a jamais quittée.

Mais mon père, c’était bien plus qu’un rugbyman acharné. Il a fondé Maison Cévenole, une entreprise à l'origine de plus de 7000 maisons. Cependant, au-delà de la construction, c’était un véritable entrepreneur dans l'âme, toujours en quête de nouveaux défis. Je me souviens encore de la fameuse question de chaque rentrée scolaire : "Ton papa, il fait quoi dans la vie ?" Cette question me faisait stresser et me mettait souvent dans l'embarras, car sa carrière était tout sauf classique, et je ne savais pas quoi répondre. Oui, il construisait des maisons, mais il pouvait aussi diriger un karting, une boîte de nuit, des hôtels, des restaurants, une boîte de consulting, et même travailler à l’international, que ce soit en Russie ou en Azerbaïdjan, où il a été missionné pour le Premier ministre. Et pour couronner le tout, il avait même eu une agence de détective privé. Sa profession changeait presque au rythme des saisons, et j'avais bien du mal à expliquer ce qu’il faisait.

Trois anecdotes me viennent en tête, qui illustrent à merveille la personne qu’il était. J’avais 14 ans et je passais l’été au Cap d’Agde avec mon meilleur ami Ludo (qui, même des années après, reste un pilier dans ma vie). On adorait passer nos après-midi sur l’Île des Loisirs, dans une patinoire où la musique battait son plein. Un soir, mon père nous prend, Ludo et moi, pour nous montrer quelque chose. Il nous emmène à cet établissement, entre sans payer, et les employés le saluent chaleureusement. Avec Ludo, on ne comprenait pas ce qu'il se passait, puis il nous regarde avec un sourire malicieux et nous annonce fièrement : "C’est à nous !"

Une autre fois, lors d’un match de foot à Montpellier, toujours avec mon ami Ludo, mon père est rentré d'abord avec sa carte de presse, puis il nous a donné sa carte et nous a dit : "Maintenant, à vous de vous débrouiller pour entrer avec ma carte." On avait 14 ans, on avait honte, ce fut un véritable défi, mais on a réussi. J’étais aussi avec lui au stade après une demi-finale de rugby entre Castres et Toulon. À la fin du match, il se lève et annonce : "On va dans les vestiaires féliciter les joueurs". Je le regarde franchir les cordons de sécurité sans hésiter, et je me souviens de ce moment où, une fois la sécurité passée, il se retourne et me demande de me dépêcher pour le rejoindre dans les vestiaires ! J'avais 12 ans, et c’était difficile de franchir une sécurité qui empêchait tout le monde de rentrer, mais j'y suis arrivé.

Ce sont des souvenirs forts, et vous allez sourire car il y a trois ans, presque 30 ans après, il m’appelle trois heures avant le début d’un match pour me dire qu'il a des places pour voir l'équipe de France de rugby au Vélodrome, à Marseille. L’histoire s’est répétée : j’étais en retard, sachant que j’avais plus de deux heures de route et que Marseille était bouchée de partout ! Il m'appelle, râlant parce qu'il allait rater le début du match en m'attendant pour me donner la place. "Où es-tu ? Viens le plus près possible de l'entrée du stade, devant l'entrée des officiels et des joueurs. Rentre en baissant la tête, et ça va passer." Me voilà devant l’entrée des joueurs, et mon père sort en m’engueulant sur mon retard. Les agents de sécurité, surpris, n’ont même pas osé me demander mon accréditation après avoir vu le savon que je prenais. Résultat : je suis rentré cinq minutes avant le début du match, et ma voiture était garée juste devant le stade. Ce jour-là, j’ai repensé à l’épisode des vestiaires du Stadium de Toulouse, 30 ans plus tôt ! La liste des anecdotes est encore très longue. Peut-être que j’en raconterai certaines dans ce blog…

À la maison, il n’était pas rare de croiser des figures de légende venues partager un bon moment. Je me souviens de parties de foot sur la pelouse avec Manuel Amoros, capitaine de l’équipe de France de football, d’Éric Champ, capitaine de l’équipe de France de rugby, ou encore de Michel Galabru, dont l’humour faisait vibrer les murs du salon. Des champions de boxe comme Jean-Claude Bouttier et Carlos Monzon, ce dernier souvent considéré comme l'un des 10 plus grands boxeurs de tous les temps. Nos dîners ressemblaient parfois à un casting de film, tant les invités de marque se succédaient, laissant derrière eux des anecdotes et des rires que je garde précieusement en mémoire.


Ces souvenirs me montrent encore aujourd’hui qu’il faut oser et qu’il faut croire en l’impossible. Je repense aussi à ce jour où j’ai assisté à un match de l’OM au Vélodrome, seul enfant dans la tribune de presse, assis à côté de Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. Ils commentaient le match en direct, et moi, j'avais 13 ans et j’étais là, avec eux, sans oser bouger par peur de déranger. Ces moments magiques ont été nombreux et m’ont appris très jeune à ne jamais hésiter à prendre des risques pour saisir des opportunités, et aussi qu’il vaut mieux être acteur de sa propre vie que spectateur de celle des autres.


Ils m'ont aussi appris, très jeune, à ignorer les mots de certains, cette minorité qui pouvait dire du mal de mon père à ma mère, juste après leur divorce, souvent devant moi, et qui, dès qu’ils le croisaient, se jetaient dans ses bras avec un sourire éclatant, comme si rien n’avait jamais été dit. Devant mes yeux d’enfant, cette dualité était incompréhensible : comment une même personne pouvait-elle porter deux visages si différents ? Ce fut une véritable leçon, douce-amère, sur les relations humaines, et sur les rôles que les gens se donnent en fonction des circonstances. Cette expérience, marquée au fer rouge dans ma mémoire, m’a appris très jeune que la sincérité n’est pas donnée à tout le monde et que ce sont les actions, plus que les paroles, qui révèlent la véritable nature des gens.


Ma mère, c'est l'opposé de mon père. Je pense qu'on ne pouvait pas grandir avec deux personnes aussi différentes l'une de l'autre. C'est une femme incroyable, une femme courageuse qui partage, avec mon ex-femme, le rôle de meilleure maman du monde. Ma mère a toujours été présente pour moi, et elle l'est encore aujourd'hui. Elle a mis ses deux enfants au centre de sa vie, nous faisant toujours passer avant elle, sans jamais se poser de questions.

Ma mère, c'est la stabilité. Toujours à l'écoute, c'est la gentillesse, le calme, la sagesse et la bienveillance incarnés. Elle est un pilier pour moi. Et, au-delà de cela, elle est un véritable exemple. À 40 ans, au moment de son divorce, elle a dû repartir à zéro. Nous sommes passés d'une immense villa de trois étages à une maison beaucoup plus modeste, mais elle aime dire qu'elle s'y sentait mieux, car cette maison plus humble lui ressemblait davantage. Elle a dû reconstruire sa vie, toute seule, avec mon frère et moi. Cela a été un exemple de résilience car c'était une période très compliquée pour elle, mais elle ne nous a jamais montré la moindre difficulté.

Professionnellement aussi, elle a dû tout recommencer après 40 ans. Elle a pris la direction de Radio Nostalgie, dirigeant la fréquence de la Haute-Vallée de l'Orb, du Biterrois et de Narbonne. Certains de ses clients lui sont restés fidèles pendant plus de 20 ans, tellement elle était sérieuse et loyale dans tout ce qu'elle entreprenait. Elle a fait ce travail avec passion, motivation et énergie, ce qui lui a permis de se reconstruire et de retrouver une stabilité qui lui correspondait.

Les souvenirs avec ma mère sont différents de ceux avec mon père, ils sont plus intimes. Aujourd’hui, je réalise à quel point elle avait du mérite. Moi, qui pensais toujours au sport, qui ne faisais jamais mes devoirs, et qui avais déjà une âme d’artiste... Ce n'était pas une tâche facile, mais elle l'a fait avec patience et amour. Je me rappelle de ses cris pour me faire sortir de la douche, qui s’éternisait toujours : "Sors de la douche ! Ce n'est pas toi qui payes l'eau, et il n'y aura plus assez d'eau chaude pour les autres !" Je me souviens aussi de ces rares engueulades, toujours bienveillantes, quand je faisais des bêtises, jamais bien méchantes.

Je pense à nos parties de foot dans le salon, où il m’arrivait de la tacler en riant, et on éclatait de rire tous les deux. Il y avait aussi les parties de pétanque, et tout un tas d’anecdotes qui ont fait que j'ai eu le privilège d'avoir une enfance magique. Quand j'étais enfant, je ne me rendais pas compte des sacrifices de ma mère, mais aujourd'hui, je suis impressionné par tout ce qu'elle a fait pour moi. Tous ces beaux moments sont gravés en moi, car ils montrent combien elle a été présente et aimante, même dans les instants de frustration.

Un des regrets de ma mère est que j'ai abandonné le foot sur un coup de tête à 17 ans. Elle avait tout fait pour me mettre en confiance et me donner les moyens d'atteindre mes objectifs. Elle se dévouait, faisant des trajets trois fois par semaine, le soir après son travail, pour m'emmener à mes entraînements de foot à Béziers, à plus de 40 kilomètres de chez nous. Elle m'accompagnait également lors de longs déplacements en bus avec l'équipe, pour des matchs à Tarbes, à Toulouse, et bien d'autres destinations. Ces souvenirs sont pour moi autant de preuves de son engagement et de son amour.

Quand je dis que mes parents étaient aux antipodes l'un de l'autre, deux anecdotes me reviennent. Quand j'ai signé au foot à Béziers, je jouais dans mon petit village de Bédarieux avec mes amis. J'avais eu la chance d'être repéré lors des détections régionales, et Béziers m'avait sollicité pour jouer dans leur championnat national des moins de 15 ans. Mon père m'a dit de ne pas y aller, affirmant que je ne jouerais jamais et que je ferais mieux de rester avec mes copains. Ma mère, elle, m'a dit immédiatement : "N'écoute pas ton père, vas-y, donne le meilleur, et si tu es bon, tu joueras."

Trois ans plus tard, j'ai arrêté le foot de haut niveau sur un coup de tête pour jouer au rugby dans le club de mon village avec mon père, mon frère, et mes amis d'enfance. Deux ans après cette belle expérience, étant toujours attiré par l’envie de tester mes limites et par le haut niveau, j'ai voulu tenter ma chance au rugby à Béziers, cette fois pour le championnat national junior. Personne n'est venu me chercher, c'était ma propre décision. Quand je me suis engagé, mon père m'a refait la même réflexion : "Ne signe pas à Béziers, le niveau est trop élevé, tu n'as que deux ans de rugby derrière toi, tu ne joueras jamais." Ma mère, égale à elle-même, m'a encouragé : "N'écoute pas ton père. Si tu as envie, vas-y. Tu ne risques rien. Même si tu ne joues pas, tu pourras toujours revenir avec tes copains."

C'est drôle de voir ce mélange de leurs deux influences. Mon père, si optimiste, qui me freinait à l'époque, tandis que ma mère, pleine de sagesse, m'encourageait à tenter ma chance et à croire en moi. Aujourd'hui, les rôles sont inversés. C'est ma mère qui essaie de me tempérer, alors que mon père me motive et me pousse à aller de l'avant chaque jour.

Bien sûr, des désaccords ont existé. Mais aujourd'hui, tout ce qui me reste, c'est la gratitude. Quand je pense à ma mère, un seul mot me vient à l'esprit : MERCI. Merci pour tout ce qu'elle m'a donné, et pour tout ce qu'elle continue de faire. Je me sens chanceux et reconnaissant d'avoir eu une maman aussi extraordinaire.

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