Comment je suis devenu manager d’un des plus grands centres de remise en forme du monde à Casablanca ?
Mai 2007.Je viens tout juste de tourner une page importante de ma vie. Après avoir dirigé pendant six ans mon propre centre de remise en forme à Agde, entouré d’adhérents que j’adorais et qui m’apportaient autant que je leur donnais, j’ai décidé de vendre. C’était une belle aventure, mais il était temps de passer à autre chose. À ce moment-là, je ne savais pas vraiment ce que l’avenir me réservait. La tête pleine de doutes, le cœur un peu lourd, j’essayais de me projeter sur la suite. Mais parfois, la vie a un drôle de sens du timing.
Seulement trois jours plus tard, le téléphone sonne. C’est le Président de la Fédération Mondiale de Fitness. Il me parle d’un club gigantesque à Casablanca qui rencontre d’énormes difficultés. Un projet ambitieux porté par trois frères visionnaires, mais qui, selon lui, a besoin d’un manager pour le redresser. Et il pense… à moi.À cet instant précis, je reste incrédule. Moi ? Manager un des plus grands clubs du monde ? À seulement 28 ans ? Je doute de moi. Je doute du projet. Et pour être honnête, je doute même qu’un club aussi grand puisse exister… au Maroc. Avec mes a priori, je me dis que ça doit être une exagération.
Mais il insiste : « Regarde le club. Prends le temps. Tu verras par toi-même. »Intrigué, je me connecte pour chercher « Sport Plazza Casablanca ». Et là… la claque.Je découvre un complexe de 25 000 mètres carrés, six étages, des installations à couper le souffle : terrains de basket aux normes NBA, un terrain de football, une piscine semi-olympique surplombant la ville… Un club qui n’a rien à envier aux plus grandes structures mondiales.
Le lendemain, je rappelle le Président : « Ok, je suis intéressé. »Il me met en contact avec Mehdi, l’un des frères propriétaires du club. La conversation est rapide et directe. « Tu peux venir quand ? », me demande-t-il.« Demain », je réponds.« Parfait. Je t’envoie un billet d’avion. »
Deux jours plus tard, me voilà à Casablanca, en train de visiter le club. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalité. Je découvre aussi leur second club, sur la corniche Ain Diab face à l’océan. Un lieu magique de 6 000 mètres carrés, dans le complexe Tropicana. Tout est immense, tout est beau, tout est un défi.
Les frères me présentent leur vision. Je ressens leur passion et leur détermination. Le projet est grandiose, et l’opportunité, exceptionnelle. À 28 ans, on ne me propose pas seulement un poste : on me confie un rêve à faire vivre. Comment dire non ? Je rentre en France récupérer quelques affaires. Quatre jours plus tard, je suis de retour, prêt à relever le défi.
Une année incroyable. Cette expérience a été l’une des plus formatrices et enrichissantes de ma vie. Manager un club d’une telle envergure demandait une organisation sans faille, et tout était pensé pour me permettre de réussir.
J’avais un chauffeur, des pleins pouvoirs pour prendre les décisions nécessaires, et une équipe de profs hallucinante. Ces professionnels, d’un niveau exceptionnel, ont marqué cette période de ma vie. Par moments, il m’arrive de repenser à eux, même si cette époque me semble parfois appartenir à une autre vie, tant j’ai évolué depuis..
Pendant cette année, nous avons mis en place une dynamique incroyable pour booster le club. J’ai eu l’honneur d’organiser le championnat méditerranéen de bras de fer, une énorme convention de hip-hop et ragga, ainsi qu’une multitude d’événements pour fédérer nos clients et attirer de nouveaux membres. J’ai baptisé ces événements « Week-end Experience », un concept qui continue encore aujourd’hui, plus de 15 ans après.
Mais au-delà des événements, c’est l’esprit d’équipe que nous avons créé qui reste le plus marquant. Tous les vendredis, jour de prière, les parents des membres de l’équipe préparaient des couscous, des tagines, des pastillas, et bien d’autres plats délicieux. Nous faisions une pause tous ensemble sur la terrasse pour partager ce festin, un moment de pur bonheur et de convivialité. Ces instants précieux ont consolidé notre esprit d’équipe, transformant nos collègues en une véritable famille.
Je me souviens aussi d’Adil, mon ex-bras droit, un jeune d’une intelligence rare, et des clients, magiques, dont certains sont encore en contact avec moi aujourd’hui.
Mais au-delà de tout, ce sont Mehdi, Driss et.Ali, les trois frères propriétaires du Sport Plaza, qui ont marqué cette aventure. Leur vision, leur audace et leur humanité m’ont profondément inspiré. Ils ont cru en moi, me donnant une chance incroyable à seulement 28 ans. Leur confiance a été une source d’inspiration quotidienne, et je suis extrêmement fier et honoré d’avoir pu travailler pour eux.
Cette année à Casablanca a été une aventure humaine et professionnelle exceptionnelle, pleine de défis, de succès, et surtout, de moments inoubliables.
Un an plus tard, le 17 mai 2008, jour de mon anniversaire. Cette date restera à jamais gravée dans ma mémoire. J'ai proposé à mes boss d’organiser la soirée d' anniversaire du club, une soirée qui devait marquer les esprits ! Effectivement, avec la renommée du club, je m’étais fixé un objectif ambitieux : organiser une des plus belles soirées de Casablanca. La pression était énorme, car il fallait être les meilleurs.
L’organisation était un véritable casse-tête : tout devait être parfait. La logistique, les invités, le timing… Chaque détail comptait. Mais au final, l’objectif a été atteint. La soirée était magique, pleine d’anecdotes et de moments inoubliables.
Parmi ces anecdotes, il y a celle des Gypsies. À l’époque, j’avais fait venir l’orchestre René Coll, Chico et les Gypsies pour l’événement. Tout était prévu, jusqu’à ce que mon boss m’appelle, paniqué : « Romain, débrouille-toi ! Un des Gypsies est bloqué à la douane, il n’a pas sa pièce d’identité. Pars à l’aéroport, demande à Adil, un de nos clients qui est responsable de la douane, et trouve une solution. »
Me voilà parti avec le bus prévu pour transporter les Gypsies. J’arrive à l’aéroport, traverse les bureaux de la douane, et rencontre enfin les musiciens. Après une heure de discussions et de négociations, la situation se débloque. Je me retrouve responsable du Gypsy en question pendant tout son séjour au Maroc.
Le retour en bus est un moment que je n’oublierai jamais. Ayant grandi avec la musique des Gypsy Kings, c’était déjà incroyable pour moi de les côtoyer. Mais ce qui s’est passé ensuite dépasse tout. Au fond du bus, les musiciens prennent leurs guitares, commencent à discuter du programme du lendemain, et décident d’improviser un concert. Seul avec eux dans le bus, je les écoute jouer leurs tubes en live. Je me répétais : « Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Ce moment est magique. »
Comme quoi, d’un problème – un musicien bloqué à la douane – peut naître un des moments les plus extraordinaires de ma vie. Ce souvenir restera gravé à jamais.
Le Maroc, une révélation.Vivre au Maroc a été bien plus qu’une expérience professionnelle. J’ai découvert un pays d’une richesse incroyable, des habitants d’une gentillesse et d’un respect hors normes. J’ai aimé chaque instant passé là-bas, chaque rencontre, chaque leçon.
Un départ à contre-cœur.Tout allait bien, mais la vie a ses imprévus. Mon Divorce ma déstabilisé et à un moment, il a fallu partir et rentrer en France. Ce départ, je l’ai vécu comme un arrachement. Mais même aujourd’hui, je regarde cette période avec énormément de gratitude. Elle m’a marqué, forgé, et offert des souvenirs que je chéris encore aujourd’hui.
Si je devais résumer cette aventure : une année de défis, de découvertes, et d’émotions. Une année qui m’a prouvé que les opportunités les plus inattendues sont souvent celles qui changent une vie.
Alors, si tu traverses une période d’incertitude, souviens-toi : tout peut basculer en un coup de fil. Et parfois, c’est ce que la vie a de plus beau à offrir.
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